Dans ce nouveau focus dédié aux fonds patrimoniaux, nous vous présentons un incunable (imprimé de la seconde moitié du XVe siècle) : Stultifera Navis ou La Nef des Fous.

 

Son auteur Sebastian Brant, naquit en 1457 à Strasbourg. Ce poète d'expression latine et allemande publia en 1494 un poème en langue allemande : Das Narrenschiff. Devant le succès de la première édition, d'autres s'en suivirent notamment en langue latine ce qui favorisa sa diffusion partout en Europe. La bibliothèque de Soissons possède un exemplaire de la première édition en langue latine imprimée en 1497.

Chaque chapitre du livre (il en contient au total 112) dénonce un exemple de "folie humaine". Les "fous" ou pêcheurs voguent tous en direction de la Narragonie : l'île de la folie. Les personnages sont affublés de vices, souffrent d'addictions et sont voués à la perdition. Les nombreuses gravures qui illustrent l'ouvrage dépeignent ainsi la passion des jeux ou celle des livres, l'addiction à l'alcool ou aux médicaments mais aussi l'avarice, l'adultère ou encore l'orgueil. Il est à noter qu'Albrecht Dürer, célèbre graveur et peintre, a participé à la conception des gravures de l'édition originale.

Ce genre littéraire mélangeant satire et morale culminera quelques années plus tard dans l'ouvrage d'Erasme : L'Éloge de la Folie.

Jérôme Bosch reprendra également la thématique de la "nef des fous" dans son tableau du même nom.

 

 

 

Focus sur l'un des nombreux documents patrimoniaux conservés au sein de la bibliothèque.

   

BM SOISSONS MSS 208 f.139rLe Pèlerinage de la vie humaine, ...  XVe siècle.

L’exemplaire appartenant à la bibliothèque de Soissons est un manuscrit du XVe siècle, reprenant l'histoire écrite par le normand Guillaume de Digulleville au XIVe siècle après sa mise en prose par un clerc d'Angers en 1465-66. Rédigé sur parchemin, il porte l'estampille de l'abbaye de Prémontré.

Héritier du Roman de la Rose, dont il emprunte le cadre du songe, ce pèlerinage retrace sous une forme allégorique la quête du chrétien en recherche du salut de son âme et de la félicité céleste, représentée sous l’apparence de la cité de Jérusalem. Équipé de la panoplie indispensable à tout pèlerinage, le pèlerin réussit à atteindre la voie de salut grâce au soutien de Grâce Dieu, qui lui a permis d’échapper aux multiples embuscades tendues par les sept vieilles femmes monstrueuses qui représentent les péchés capitaux. Le poème s’achève alors que le songeur s’éveille.

Le récit, rédigé en français, s'adresse à un lectorat plus laïc qu'ecclésiastique. Ses riches enluminures permettent à elles seules la compréhension du texte et participent à la diffusion du contenu intellectuel auprès d'un public large, tout comme les nombreuses reproductions faites du manuscrit à l'échelle européenne. 

Le Pèlerinage de la vie humaine sera suivi plus tard par deux autres textes : Le Pèlerinage de l’Âme et Le Pèlerinage de Jésus-Christ. Cette trilogie figure au nombre des textes français les plus lus de la fin du Moyen Age avant de tomber en désuétude au cours du XVIe siècle.

 

 

 

 

Focus sur l'un des nombreux documents patrimoniaux conservés au sein de la bibliothèque.

Durant la première moitié du XIXe siècle, la presse se développe en France et devient un canal d’information de masse. La presse rotative et la linotypie n’ont cependant pas encore été inventées, les coûts de production sont encore élevés, par conséquent la fréquence de parution et le nombre de feuillets sont restreints.

Les quelques feuillets présentés ci-dessous retracent la vie locale et nationale en ce début d’année 1844. En pleine Monarchie de Juillet, les journaux locaux sont alors très politisés et s’offrent une guerre par articles interposés. C’est également l’occasion de (re)découvrir les us et coutumes de l’époque ainsi que quelques faits divers.

 

L'Argus soissonnais.  Paru le dimanche 7 janvier 1844.

La bibliothèque de Soissons a en sa possession de nombreux journaux locaux du XIXe siècle à nos jours. Ils sont consultables sur place, sur demande préalable, et sous réserve que leur état de conservation le permette.

 

 

Focus sur l'un des nombreux documents patrimoniaux conservés au sein de la bibliothèque.

   

Les Oeuvres de M. Ambroise Paré, ...  Paru en 1575.

L’édition appartenant à la bibliothèque de Soissons correspond à la première édition de l’ouvrage dont il reste moins de 10 exemplaires en France à l’heure actuelle.

Ouvrage Ambroise Pare brasdefer Ouvrage Ambroise Pare Corps Humain

 

 

 

 

 

 

Au début du 16e siècle, plusieurs hommes décident d’explorer avec précision le corps humain en pratiquant, entre autres, et malgré l’interdiction de l’Eglise, la dissection de cadavres. Les connaissances sur le corps humain se multiplient alors, notamment dans l'étude des systèmes cardiovasculaire, respiratoire, digestif et nerveux.

Ambroise Paré est l'un de ces anatomistes. Ce chirurgien des champs de bataille est l’inventeur de nombreux instruments médicaux qui permettront notamment la ligature des artères ou la conception de prothèses. Nommé par Catherine de Médicis premier chirurgien du roi Charles IX, ses opinions religieuses feront l’objet de spéculations entre protestants et catholiques. Autodidacte ne parlant ni le grec ni le latin, il publiera de nombreux ouvrages en français comportant de nombreuses planches descriptives.

Quand Ambroise Paré publie ses ouvrages en français, il est salué par de nombreux contemporains, parmi lesquels Pierre de Ronsard. Celui-ci lui confie deux poèmes qui figurent en tête de cette édition de 1575. « Je n'ai voulu escrire en autre langaige que le vulgaire de nostre nation, ne voulant estre de ces curieux, et par trop supersticieux, qui veulent cabaliser les arts et les serrer soubs les loix de quelque langue particulière », explique Paré dans son avis au lecteur. Paré n'étant pas docteur, la Faculté de médecine, en la personne de son doyen Étienne Gourmelen, tenta de s'opposer à la mise en vente du livre, prétextant qu'il contenait des choses abominables, contraires à la bonne morale. L'affaire fut menée devant le Parlement, sans succès et le livre fut distribué et mis en vente sans modifications.

 

A noter : la bibliothèque possède également un exemplaire du livre De humani corporis fabrica libri septem du célèbre chirurgien et anatomiste André Vésale, daté de 1555.